OTTAWA ACCEPTE LA DEMANDE DE LA C.-B. ET LIMITE LA DéCRIMINALISATION DES DROGUES

Le gouvernement fédéral accepte la demande officielle de la Colombie-Britannique d'interdire la consommation de drogues illicites dans les espaces publics.

La ministre fédérale de la Santé mentale et des Dépendances, Ya'ara Saks, en a fait l'annonce mardi. Elle a tenu à rappeler que la crise des surdoses doit être traitée comme un problème de santé, et non comme un enjeu criminel. Tout le monde mérite de se sentir en sécurité dans sa communauté, dit-elle.

La modification accordée par Ottawa touche l’application de l'article 56 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, par lequel le gouvernement fédéral a permis la décriminalisation.

En vertu des nouvelles règles, la consommation de drogues illicites est donc interdite, entre autres, dans les hôpitaux, les restaurants, les transports en commun, les parcs et sur les plages.

Le ministre de la Sécurité publique, Mike Farnworth, précise que la décriminalisation n’a jamais été mise en place pour permettre la consommation en public.

Il affirme que les policiers seraient appelés à arrêter ou à saisir les drogues illicites d'un consommateur seulement s’il pose un problème de sécurité publique.

Par ailleurs, la décriminalisation est maintenue dans les résidences privées, les refuges, les centres de consommation supervisée et les centres de dépistage de drogues illicites contaminées.

La décriminalisation reste un outil essentiel, estime la ministre provinciale

Maintenir cette exemption est important selon la ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique, Jennifer Whiteside. Elle estime qu’une personne qui consomme, par exemple, dans une résidence privée ou dans un refuge, ne doit pas avoir peur de demander de l’aide par crainte d’être arrêtée.

Pour Corey Ranger, président de l'Association des infirmiers et infirmières en réduction des méfaits, ce recul de la décriminalisation poussera toutefois les consommateurs à s’isoler à nouveau.

Le conseiller clinique Guy Felicella, du centre de consommation des drogues de la Colombie-Britannique, aussi déçu par l’annonce. Les personnes qui n’ont pas de maisons, où vont-elles consommer?

De son côté, Elenore Sturko, députée du parti BC United et membre de l’opposition officielle à l’Assemblée législative, restreindre la décriminalisation démontre que la province n'a pas les services de traitement ou de prévention nécessaires pour soutenir les Britanno-Colombiens qui souffrent d'une dépendance.

Le projet pilote d'une durée de trois ans, en vigueur depuis janvier 2023, permet à un adulte de posséder moins de 2,5 g de drogues illicites sans risque d'être arrêté ou de voir sa drogue saisie.

Forte pression sur le gouvernement Eby

La Colombie-Britannique avait envoyé, le 26 avril, une demande officielle à Santé Canada pour modifier l'exemption qui lui permet de décriminaliser la possession de certaines drogues illicites afin d'en interdire leur consommation dans l'ensemble des espaces publics.

À quelques mois des élections et alors que la session parlementaire est sur le point de se terminer, le gouvernement de David Eby a fait face à une pression accrue de plusieurs groupes pour restreindre la consommation de drogues illicites en public.

Des chefs de police ont notamment affirmé qu'ils ont peu d'outils pour assurer la sécurité du public dans les lieux publics, comme à l'entrée d'un bâtiment ou près des transports en commun. Des conseillers municipaux du Grand Vancouver ont également demandé la fin de la décriminalisation.

Pour répondre à leurs inquiétudes, la Colombie-Britannique avait adopté une loi, à l'automne, pour interdire entre autres la consommation des drogues illicites sur les terrains de sport, les plages, et les parcs provinciaux et municipaux.

Depuis, sa loi a été suspendue à la suite d'une injonction prolongée jusqu'en juin.

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