«LES CANADIENS ANGLOPHONES ONT AUSSI LEUR PROPRE CULTURE», DIT CATHERINE TAIT

Le Canada anglais a lui aussi ses histoires à raconter, a assuré la grande patronne de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, dans sa démonstration visant à rassurer les élus fédéraux qu’aucune fusion entre les services français et anglais n’est dans les cartons malgré un « plan de rapprochement » entre les deux services.

« Les Canadiens anglophones ont une énorme loyauté pour notre contenu ! On parle de nos communautés, on parle de nos réalités autochtones, du Grand Nord, on parle des réalités de l’ouest du pays, on parle de tout ce genre de choses », a lâché Mme Tait mardi, devant les membres du Comité permanent du patrimoine canadien.

La p.-d.g. du diffuseur public a été piquée au vif par une question du député conservateur Jacques Gourde, qui demandait si CBC s’est « américanisé », parmi d’autres commentaires qui remettaient en doute l’adhésion du public à la télévision du réseau anglais. Son parti propose de dissoudre le réseau anglophone CBC, mais de maintenir son pendant francophone Radio-Canada — une opération « presque impossible », selon Mme Tait.

Elle a promis que « l’indépendance éditoriale de CBC et de Radio-Canada reste comme un principe fondamental » de la société d’État. « Je vous jure que la force de Radio-Canada, l’importance de Radio-Canada pour le fait français et la langue française reste au coeur de toutes nos réflexions ».

Le diffuseur public réfléchit en ce moment à effectuer un « rapprochement » entre ses branches francophone et anglophone, a rapporté La Presse la semaine dernière. CBC/Radio-Canada avait répondu que cela ne voulait « pas nécessairement » signifier de regrouper les deux programmations.

Spéculations sur le rapprochement

Catherine Tait et son vice-président principal, Marco Dubé, ont donné un peu plus de précisions sur l’objet de ce « rapprochement », tout en tentant de rassurer les élus sur le fait qu’il ne s’agit en aucun cas d’un projet de fusion.

Il est plutôt question d’« organiser [les] ressources, poursuivre la transition numérique dans un univers où […] les auditoires vont vers les géants numériques », a indiqué M. Dubé. Le tout pour « préparer les options, les idées, pour le prochain p.-d.g. », a indiqué Mme Tait, dont les fonctions doivent prendre fin en janvier 2025.

« Ce ne sont pas des choses qu’on va décider aujourd’hui », a-t-elle ajouté.

Elle a présenté l’exemple de logiciels différents utilisés par les journalistes de chaque langue dans les salles de nouvelles. « Est-ce que CBC et Radio-Canada pourraient avoir la même plateforme pour diffuser [leurs reportages sur leurs sites Internet respectifs] ? C’est ce genre de rapprochement dont il est question. »

Le député du Bloc québécois Martin Champoux a multiplié les questions en Chambre au sujet d’un plan de rapprochement entre les divisions francophone et anglophone qui « ressemble davantage à un plan de sauvetage de la CBC sur le dos de Radio‑Canada », selon lui.

« Le Bloc québécois […] adopte à peu près la même position que les conservateurs, comme quoi il faudrait séparer complètement CBC et Radio‑Canada et, tant qu’à y être, définancer complètement CBC », a répliqué lundi la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge. Elle a réitéré mardi que « jamais la programmation et le contenu francophone ne seront jumelés avec CBC ».

Terminées les coupes

Par ailleurs, la patronne de CBC/Radio-Canada a annoncé devant les élus que la situation financière de l’institution s’est améliorée grâce à une augmentation de son financement public de 42 millions de dollars, l’élimination de 205 postes vacants et la mise à pied de 141 employés.

« Et on peut dire qu’il y en a eu un peu plus du côté de CBC que de Radio-Canada », a précisé le vice-président principal du diffuseur public, Marco Dubé, en écho aux critiques selon lesquelles des coupes égales auraient de plus grandes conséquences auprès du service français.

Ces 346 postes abolis devraient mettre un terme aux pertes d’emplois au sein du diffuseur public à court terme, dit-elle, puisque le déficit anticipé de 125 millions de dollars pour 2024-2025 a fondu pour se limiter à un manque à gagner d’environ 20 millions de dollars. En décembre dernier, le diffuseur public envisageait plutôt de supprimer 800 postes.

En janvier dernier, Catherine Tait a eu du mal à justifier aux élus le fait que la « rémunération incitative » de ses cadres pourrait rester intacte malgré les importantes compressions alors annoncées. Elle a été invitée de nouveau devant un comité parlementaire pour approfondir cette question. Or, les montants de ces primes pour l’année dernière doivent être déterminés en juin, a-t-elle indiqué mardi. Elle n’était donc pas encore en mesure de dire si elle pourrait elle-même toucher à une prime.

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